1972. Eddy Merckx justifie son surnom de "Cannibale" en raflant Milan-Sanremo, la Flèche Wallonne, Liège-Bastogne-Liège, le Tour de Lombardie, le Giro et Tour de France. Rien que ça. Mais il lui en faut plus, Eddy, toujours plus. Le Bruxellois a déjà puisé dans ses réserves, mais il veut quand même s’attaquer au record de l’heure, un défi qui lui trotte dans la tête depuis un moment. Après à peine quelques semaines de préparation, Merckx s’envole mi-octobre vers Mexico. Dans l’avion, Jacques Anquetil, qui fait le déplacement pour la télévision française, le met en garde : ce sera compliqué.
Au vélodrome olympique de Mexico, Eddy a tout à perdre, parce que quand on s’appelle Merckx et qu’on s’attaque à un record, on doit le battre. Pour cela, le Bruxellois a particulièrement préparé sa monture. Afin d’alléger le vélo au maximum, le guidon, la tige de selle, la tige de fourche et l’intérieur des roues ont été perforés, tandis que les boyaux ont été gonflés à l’hélium.
Après quatre jours d’attente pour que les conditions climatiques soient bonnes, le mercredi 25 octobre à 8h56, Eddy s’élance à la conquête du record détenu par le Danois Ole Ritter. Objectif : rouler plus de 48 km 853 m en une heure. Motivé comme jamais – ou plutôt comme toujours —, Eddy Merckx se jette comme un forcené dans la bagarre. Il est parti tellement vite que son directeur sportif Gorgio Albani lui demande de ralentir. Toute l’équipe retient son souffle. Le mécano est prêt à bondir avec le vélo de rechange en cas de cervaison. Sur la piste, Eddy ne faiblit pas et atteint un rythme de croisière de 24 secondes au tour. Sur les antennes radio de la RTB, Luc Varenne tient son auditoire en haleine.